Tendances IT : les entreprises sont elles prêtes pour 2019 ?

De quoi l’avenir sera-t-il fait pour les entreprises françaises de l’IT ? Intelligence artificielle, 5G, IoT… On fait le point en 3 questions avec Gilles Babinet, entrepreneur et Digital Champion auprès de la Commission Européenne.

Quelles sont les perspectives du marché de l’IT en France en 2019 ?

Gilles Babinet : On constate actuellement une très forte croissance du Venture Capital qui devrait, sauf accident de marché, se poursuivre en 2019. La croissance du secteur est actuellement de l’ordre de 25 % par an en France. De façon sectorielle, si les entreprises qui travaillent sur les blockchains connaissent actuellement un ralentissement assez fort, la traction de l’intelligence artificielle suffit à emporter l’ensemble du marché.
 

Quelles sont, selon vous, les grandes tendances tech qui vont marquer l’année 2019 pour les entreprises ?

Gilles Babinet : Je vois deux tendances majeures se dessiner. La première, c’est bien évidemment la poursuite de la diffusion de l’intelligence artificielle. Le machine learning et plus particulièrement le deep learning sont en pleine croissance et rien ne devrait les arrêter. L’autre évolution majeure concerne les infrastructures. Avec l’arrivée prochaine de la 5G et l’accélération de l’IoT, le cloud va prendre de nouvelles formes : fog, edge computing et autres formes d’architectures pourraient se généraliser. C’est un phénomène qui va nécessairement être massif tant les architectures actuelles touchent leurs limites. Il va falloir repenser les circuits de traitement des données en s’appuyant sur des réseaux virtualisés de plus en plus décentralisés. Dans le monde des télécommunications, les Software Defined Network sont des enjeux intéressants.
 

Voyez-vous des difficultés à la transformation digitale des entreprises au cours de l’année à venir ?

Gilles Babinet : Je vois plusieurs éléments problématiques dans l’écosystème français. Tout d’abord, il me semble que les entreprises traditionnelles commencent à perdre pied avec la transformation numérique. Elles n’avancent pas au bon rythme et risquent de rencontrer d’importantes difficultés face aux acteurs à l’ADN digital. Une des principales raisons de ce retard est leur réticence à transformer leurs modes de management. Les structures restent très verticales alors qu’il faudrait passer à des organisations apprenantes, en mode projet. Une initiative telle que celle d’AccorHotels, qui a retiré deux niveaux hiérarchiques à l’ensemble de son organisation, me semble à ce titre courageuse et remarquable. Autre enjeu capital : les lacunes majeures de la France en matière de formation. Nous ne formons pas assez pas codeurs Product Owners, UX designers, data scientists, experts en IA, etc. Alors que le marché se tend toujours plus chaque jour, l’enseignement supérieur, particulièrement public, peine à se structurer pour répondre aux besoins des entreprises. C’est un vrai risque pour l’avenir.