À l’heure de la recherche d’emploi digitalisée ou de l’usage grandissant de l’intelligence artificielle, comment peut évoluer le rôle du responsable RH ?
Claude Monnier/ Le concept d’humanité va occuper une place grandissante dans l’exercice des fonctions RH. On ne va pas pouvoir tout déléguer ou transférer à la technologie et à l’intelligence artificielle, qu’elle soit forte ou faible. Cette dernière ne pourra pas remplacer ce qui se produit lors de la rencontre de deux personnes dans le cadre professionnel. Les équipes RH restent au cœur des sciences humaines, avec une absolue disponibilité à apporter au corps social : nous sommes dans un contrat de confiance avec les collaborateurs.
Bénédicte Le Deley/ La fonction stratégique d’un RH c’est d’arriver à assumer les équilibres nécessaires pour son organisation : dans le contexte de transformation numérique, qu’est-ce que je digitalise et qu’est-ce qui reste purement humain ? Au-delà de la technologie, comment articuler RH et managers, comment organiser la prise de parole à l’intérieur de l’organisation, etc. ?
Ces équilibres vont sans doute varier d’une organisation à une autre…
CM/ L’adaptation à la structure pour laquelle on travaille est une tendance-clé pour les RH de demain. Les besoins d’un grand groupe, d’une PME ou d’une start-up ne sont pas transférables. Il y a autant de vérités que d’entreprises.
BLD/ C’est particulièrement vrai pour le « DRH numérique » et la digitalisation des métiers. Les RH doivent s’emparer de la question de l’évolution des métiers parce que ce sont les mieux placés pour à la fois challenger, anticiper et voir les dispositifs à mettre en œuvre.
Les nouvelles générations de DRH vont donc devoir prendre ces sujets à bras-le-corps !
CM/ Le passage de relai entre les générations pourrait être la dernière tendance pour 2019 : on a en France une génération vieillissante de la fonction RH. Nous devons être capables aujourd’hui de travailler sur une courbe en cloche pour les DRH.
BLD/ Les carrières en cloche, ce n’est pas encore acquis, parce que le modèle derrière n’existe pas ! Il faut que les responsables RH seniors puissent se poser la question : que vais-je faire à 65, 67, 70 ans pour être heureux dans mon job ?