Le remplacement de l’humain par l’Intelligence Artificielle reste peu probable

Retour sur l’avenir de l’IA avec Henri Sanson, Directeur du domaine de recherche données et connaissance de TGI [N.D.L.R. : technologies global innovations], expert de l’Intelligence Artificielle chez Orange.

 

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Pour en savoir plus sur les intervenants du Podcast : Le travail de demain : Humain vs. Intelligence artificielle

Dans ce podcast sur l’Intelligence Artificielle, quels propos ont retenu votre attention et pourquoi ?

Henri Sanson : Il y a des propos assez alarmistes qui sont prononcés. Laurent Alexandre a raison d’alerter sur un certain nombre de questions sociétales ou éthiques potentielles liées à l’intelligence artificielle. Mais il va très loin sur beaucoup de sujets ! Par exemple, s’il est légitime de s’interroger sur la façon dont l’IA va changer les positions de chacun au sein des entreprises, une fusion des RH et de la DSI pour manager cerveaux humains et cerveaux de sillicium est, selon moi, assez peu probable.

D’autres propos en particulier vous ont-ils fait réagir ?

H.S. : "Il me semble en effet important d’effectuer une distinction entre les différentes formes d’intelligence artificielle. Il en existe deux. La première est l’IA anthropomorphique. Elle vise à imiter les capacités cognitives du cerveau humain. C’est l’IA qui sert à piloter une voiture par exemple. D’un autre côté, il existe une IA ayant pour objet de prendre des décisions optimales par rapport à certains critères. Ce sont les modèles prédictifs. Ils sont utilisés pour des opérations boursières notamment ou encore pour évaluer l’appétence des consommateurs pour certaines offres. Chez Orange, nous nous en servons également pour piloter intelligemment un réseau de télécom."

Ces deux formes d’IA impactent-elles différemment le travail ?

H.S. : "La forme d’IA prédictive permet d’apporter de l’efficacité et de la productivité mais n’aura pas un impact négatif sur le travail humain. Elle est d’ailleurs aujourd’hui déjà largement utilisée pour le marketing et bien d’autres applications. Elle ne substitue pas à l’humain. L’IA anthropomorphique, de son côté, accomplit des taches jusqu’alors réservées aux humains. Le potentiel est gigantesque. Mais il faut aussi être conscient du point où nous sommes et de tout le chemin qu’il reste à parcourir pour que cette IA soit totalement aboutie. Il sera peut-être possible de prendre des décisions dans un contexte complexe demain. Mais nous n’y sommes pas encore ! Aussi, Lorsque Laurent Alexandre évoque le remplacement du chef d’entreprise pour certaines décisions, il me semble que cette hypothèse est bien prématurée..."

Quelles interactions voyez-vous entre l’homme et la machine dans le futur ?

H.S. :" L’IA sera davantage une aide à la décision, au moins dans un premier temps. La question du remplacement est lointaine et peu probable. Les IA seront très performantes car elles vont intégrer des millions de data. Nous aurons à notre disposition des super assistants, avec plus de mémoire et de data que nous n’en aurons jamais. Prenons un exemple discuté au cours du podcast : la détection de pathologies à partir d’analyse d’images médicales. Dans une situation de maladies avec des symptômes très proches, il sera très difficile à une IA de décider entre plusieurs options. En revanche, elle apportera au médecin des faisceaux d’indices, des scénari avec des probabilités attachées qui lui seront très utiles."

Quels nouveaux métiers vont apparaître avec l’émergence des IA ?

H.S. : "Ils seront principalement liés à l’apprentissage des machines. L’IA moderne repose sur un apprentissage de la machine à partir de données. Or, ces données sont apportées par des humains ! Et ce savoir humain est remis en cause en permanence, il évolue. L’IA va donc courir après l’humain. La compréhension du langage naturel nous en donne un bon exemple. Aujourd’hui, malgré de grands progrès en la matière, l’IA en est encore très loin. Le langage naturel est vivant et évolue tous les jours. La vraie question ne sera donc pas celle de la substitution, mais de la répartition entre la machine, qui se nourrit de data, et l’humain, qui la produit. De nouveaux métiers liés à la production de data pour nourrir l’apprentissage des IA vont ainsi voir le jour. Un peu comme pour « les dresseurs de robots » dont parle Jérôme Monceaux. Demain, avec les millions d’IA qui vont voir le jour. Et entraîner les réseaux de neurones devrait occuper beaucoup de monde !"

Que fait Orange en matière d’IA ?

H.S. : "Nous faisons de la recherche en IA depuis de nombreuses années, avant même que l’on ne parle d’IA. Nous travaillons notamment beaucoup sur la reconnaissance visuelle et auditive et le traitement du langage naturel. C’est un sujet sur lequel nous travaillons beaucoup, avec une recherche de très bon niveau. Au niveau opérationnel, nous allons lancé notre assistant conversationnel (Djingo). Un autre champ d’application très important pour nous est l’application de l’IA aux réseaux. Les réseaux vont se virtualiser et seront pilotés demain par des IA. Objectif : optimiser en temps réel la capacité effective de nos infrastructures et ainsi garantir la qualité de service avec la meilleure efficacité et au meilleur cout de fonctionnement. Ainsi, les ressources allouées seront toujours parfaitement adaptées aux besoins de l’entreprise."

Avez-vous des exemples d’applications déjà implémentées ?

H.S. : "Nous avons lancé une expérimentation conjointe avec la FMSH (N.D.L.R. : Fondation Maison des Sciences de l’Homme) en novembre 2017. Il s’agit d’un moteur de recherche très fin permettant d’explorer l’ensemble des contenus des vidéos et autres textes, images ou fichiers présents sur le site. Le service permet d’aller chercher des extraits spécifiques en lien avec un thème recherché. Nous utilisons des IA pour la transcription automatique de la parole, l’analyse sémantique des textes, la reconnaissance d’images... L’IA permet d’établir des scores de corrélation sémantique entre termes pour rebondir d’un contenu à l’autre. Nous sommes convaincus que cette approche de la recherche sur des contenus complexe est la voie de l’avenir."

Pouvez-vous nous citer d’autres exemples ?

H.S. : "Pour les particuliers, nous travaillons sur l’approfondissement des fonctionnalités de Djingo, notre assistant personnel à commande vocale. Nous travaillons ainsi en recherche sur une plateforme pérfigurant la maison connectée du furtur, qui sera sensible et intelligente, grâce à un assistant intelligent global pour la maison et ses occupants."

Et côté entreprises et institutions ?

H.S. : "Nous travaillons sur l’intégration d’API IA dans nos applications cloud. Nous explorons des pistes, notamment basées sur la reconnaissance visuelle et la reconnaissance vocale. Nous travaillons en co-innovation avec OBS sur l’ensemble de ces sujets."

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