Start-up et grands groupes : le baiser de David et Goliath

David, le petit, le malin, symbole des start-up, et Goliath, le fort, le puissant, avatar des grandes entreprises, sont-ils voués à se combattre ? Et si de leur mariage naissaient les innovations et l’économie de demain ? Hier, start-ups et grands Groupes se toisaient avec méfiance, suspicion, et peur. Aujourd’hui, ils s’échangent talents et capitaux, ou participent conjointement à des challenges comme Viva Technology prévu le 30 juin à Paris.

L’innovation : un enjeu commun

Si start-up et grands Groupes collaborent c’est qu’ils ont un enjeu commun : l’innovation. L’innovation est devenue la condition sine qua non de la survie des entreprises dans des marchés devenus mondiaux et extrêmement concurrentiels.

Disrupter ou être disrupté : là est la question

En quoi les start-up sont-elles différentes des entreprises classiques ? Facebook, avec ses 10 ans d’existence, ses 10 000 salariés, et ses 300 milliards de capitalisation boursière peut-il être encore considéré comme une start-up ? Il existe presque autant de définitions du concept que d’experts pour en parler. Une start-up n’est pas une définition mais un ensemble de caractéristiques :

  • une entreprise jeune,
  • “conçue pour créer un nouveau produit ou service dans des conditions d’incertitude extrême” (Eric Ries, The Lean Startup),
  • une entreprise avec un fort potentiel de croissance,
  • une entreprise n’ayant pas encore trouvé son business model et donc nécessitant des financements via notamment les levées de fonds,
  • une entreprise qui, avec son produit ou son service, a la capacité de créer ou de disrupter un marché.

La disruption, soit l’innovation de rupture, voilà ce qui fut longtemps source de défiance des grands groupes vis-à-vis des start-up. Comment, lorsqu’on est un acteur majeur d’un marché, ne pas craindre l’arrivée de ces nouveaux barbares, tel Uber, Airbnb,ou Kickstarter, qui en quelques mois, conquièrent des parts de marché et bouleversent des équilibres si durement acquis.

Cette posture de crainte et de repli, a un temps fait oublier aux grandes entreprises qu’elles avaient tout intérêt à travailler avec les start-up. Car loin de seulement les concurrencer, les start-up leur offrent un nouveau modèle d’innovation. Elles ont en outre besoin des grandes groupes, soit comme clients, soit comme financeurs. 

Un mentor pour atteindre la scalabilité

Toute start-up a vocation à devenir une grande entreprise. Peu y arriveront. Notamment si elles restent seules. Elles ont besoin de capitaux pour grossir, puis de conseils et de process pour gérer leur croissance.

Les grands groupes ont tout intérêt à identifier tôt les jeunes pousses porteuses d’innovation sur leur marché et les aider dans leur croissance, tout en prenant des parts dans leur capital. La stabilité et l’expérience qu’ils peuvent apporter aux start-up sera un facteur important dans leur réussite.

L’émergence d’incubateurs ou d’accélérateurs créés par des grandes entreprises comme par exemple l’Orange Fab France ou Silicon B du Groupe Beaumanoir favorise ces synergies. Ce type de partenariat permet aux start-up de gagner en crédibilité et d’accéder à des ressources qui leur étaient inaccessibles (réseau de distribution structuré, fournisseurs de premier rang). Des stratégies de comarketing peuvent aussi voir le jour au bénéfice des deux parties comme par exemple Spotify et Coca-Cola.

L’esprit start-up souffle sur la culture maison

D’après l’étude How do the World’s Biggest Companies deal with the Startup revolution publiée en février 2016, plus de 61% des licornes ont au moins un groupe industriel parmi leurs actionnaires et 92% des grandes entreprises françaises ont un programme de collaboration avec les start-ups. Si les grands groupes s’intéressent tant aux start-up, c’est autant pour leurs innovations, que leurs talents et leurs méthodes, qu’ils ont tout intérêt à capter.  

La guerre des talents

Parmi les facteurs qui poussent les talents à créer leur start-up ou à rejoindre l’une d’entre elles, il y a la bureaucratie, des procédures vécues comme des carcans, le manque de reconnaissance. Ce sont désormais les Google ou Amazon qui attirent les meilleurs jeunes sortis d’école.

Les start-up constituent un vivier de talents pour les grands groupes, sur des postes très stratégiques comme les datas scientist, les product managers, et les développeurs. Les attentes de ces talents sont différentes de celles de leurs aînés. Leurs méthodes de travail se basent sur la transversalité et l’horizontalité. L’atmosphère de travail, l’autonomie, une forme d’indépendance et du temps pour l’expérimentation sont des critères sur lesquels ils se montrent sensibles.

La collaboration avec les start-up est un moyen de convaincre ces talents de rejoindre les plus grands groupes. Avec une vision intégrée du business, et de fortes capacités à convaincre et à accompagner en interne, le changement, grâce à leur enthousiasme et leur charisme, ces personnalités sont une vraie plus value pour les grandes entreprises.

Vers un nouveau management

“Une de mes peurs est de devenir une de ces grosses entreprises bureaucratiques, lentes, qui se satisfont de leur succès”  a déclaré Mark Parker, CEO de Nike. S’inspirer du fonctionnement des start-ups et de leur rapidité d’exécution pour déployer leurs projets, permet d’éviter cet écueil. Le lean management et l’innovation frugale qui caractérisent les start-ups sont autant de méthodes dont peuvent s’inspirer les grands groupes dans leur démarche de recherche et développement, et de réduction des coûts.

Certaines entreprises n’hésitent plus à sous-traiter leur R&D à des start-up moins enfermées par les protocoles. L’open innovation avec notamment l’open data permet de développer une culture de l’expérimentation dans les grands groupes. Orange avec ses hackatons s’inscrit pleinement dans ces nouvelles formes d’innovation.

Il est bon de se rappeler ce qu’était Facebook en 2005, pour réaliser à quel point, les start-ups concentrent les potentiels. De la même manière, Auchan, une des plus grandes enseignes de la distribution française a commencé son aventure par un magasin dans une usine désaffectée. Start-up et grands groupes ont des objectifs communs, seules les méthodes diffèrent et sont nécessairement complémentaires.

Mathilde

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Mathilde Renversade

Chef de projets digital, production de contenus, recherche de solutions techniques et de financement, je suis une insatiable professionnelle du numérique. Après plusieurs expériences en start-ups orientées services, j’accompagne, par la stratégie et la formation, les entreprises dans leur transformation digitale.