Intelligence artificielle générative : en finir avec les idées reçues

Les robots sont-ils en train de prendre le pouvoir ? La montée en puissance de l'intelligence générative (AIGen) et sa capacité à créer des données de manière quasi-autonome suscitent parfois des peurs irrationnelles. Il en va de même au sein des organisations, où le sujet est abordé avec crainte, aussi bien chez les collaborateurs que chez les dirigeants. Pourtant l'avènement de l'IA représente surtout un large champ d’opportunités, impactant aussi bien le travail quotidien des équipes que le modèle d’affaires d’une entreprise. Démystifions les idées reçues pour montrer comment tirer parti de cette révolution technologique.

C'est un phénomène très récent – FAUX

Si l'IA générative est sur toutes les bouches depuis 18 mois, sa genèse remonte aux années 1950, à l’occasion des premières recherches portant sur les réseaux neuronaux des modèles informatiques inspirés par le fonctionnement du cerveau humain. Ce n’est toutefois qu’en 2014, avec l'introduction des réseaux génératifs antagonistes (GAN), que l'IA générative a véritablement pris son essor. Considérée comme une innovation de rupture, sa capacité à « créer » ouvre, pour les entreprises, des perspectives dont on ne mesure pas encore l’impact.

L’AIGen sert à générer des textes, images et musiques – VRAI… MAIS

L’AIGen a pour fonction première de faciliter la création de contenus tels que du texte, des images, des vidéos ou encore de la musique. Mais sa capacité à établir un dialogue quasi-naturel entre l’homme et la machine lui a immédiatement permis de trouver sa place dans une multitude de secteurs professionnels et de métiers, avec un champ d’applications bien plus large : personnalisation des soins médicaux, création de campagnes publicitaires automatisation du service client…

Hormis ChatGPT, point de salut – FAUX

Si ChatGPT, édité par OpenAI, est l’outil d’AIGen le plus connu et le plus utilisé, il est loin d’être le seul :  tous les géants de la Tech, parfois en partenariat avec des universités et instituts de recherche, ont lancé leurs initiatives et développé leurs modèles : Google avec BERT ou T5, Méta avec BART, Microsoft avec DeepSpeed ou Turing-NLG, etc. D’autres outils plus spécifiques, ciblant des secteurs professionnels précis, sont également en train de voir le jour. Cette offre élargie permet aux entreprises de trouver des outils toujours plus adaptés à leurs besoins et cas d’usages spécifiques.

L’AIGen fait l’unanimité – FAUX

À mesure que l’usage de l’AIGen augmente, des réserves apparaissent quant à sa généralisation sur les postes de travail. La question de la propriété intellectuelle constitue l’un des sujets brulants, car les modèles de données se nourrissent de contenus existants : en décembre dernier, le Times a ainsi attaqué OpenAI en justice pour violation des droits d’auteur. Les risques liés à la manipulation de contenus ou à la diffusion de fausses informations font régulièrement débat. En conséquence, un millier d’experts du secteur – dont faisait partie Elon Musk – ont réclamé, dans une lettre ouverte parue en mars 2023, une pause dans les recherches liées à l’intelligence artificielle. Ces préoccupations laissent augurer de la mise en place de réglementations garantissant une utilisation éthique et responsable de ces outils, mais qui placent les dirigeants dans l’incertitude quant aux moyens à allouer.

L’AIGen peut constituer une menace l’emploi – VRAI… MAIS

Nombreux sont les travailleurs à appréhender les conséquences de ces outils sur leur emploi, en particulier pour ceux dont les tâches sont répétitives et prévisibles (saisie de données, fabrication, tri, etc). Le FMI estime ainsi que 60 % de ces postes pourraient être menacés : ces craintes ne sont pas sans porter atteinte au climat social au sein des organisations. Pourtant, l’avènement de l’IA en entreprise implique un développement de tâches plus qualifiées et des besoins colossaux en matière de personnel qualifié, d'infrastructures informatiques et de budgets correspondants. Gartner projette ainsi la création, d’ici à 2033, d’un demi-milliard d’emplois dans le secteur. Les équipes dirigeantes doivent donc prendre conscience de cette nouvelle réalité technologique et ses incidences sur leur modèle d’affaires afin d’en saisir les opportunités de croissance.

L’AIGen est autonome – FAUX

Un robot reste un robot : bien que l’AIGen produise du contenu, elle n'a pas la capacité de le faire avec le même niveau de créativité et d'originalité – et encore moins de sensibilité et d'émotion – qu’un humain. Elle est par ailleurs limitée dans sa capacité à prendre des décisions complexes qui nécessitent une compréhension approfondie du contexte, des valeurs humaines et des conséquences à long terme. Tout le monde dans une entreprise, de la Direction Générale jusqu’aux métiers, doit comprendre les limites de l’AIGen : c’est ainsi qu’ils la verront non pas comme un compétiteur, mais comme un compagnon numérique à même d’aider en formulant des suggestions et recommandations. Au bureau comme ailleurs, la décision finale revient toujours – fort heureusement – à un être humain.

L’AIGen offre de nombreuses opportunités pour les organisations ouvrant un champ des possibles que l’on peine encore à imaginer. Cependant, il est essentiel de mettre en place des réglementations et des mécanismes de contrôle pour garantir une utilisation éthique et responsable. Les entreprises peuvent exploiter tout son potentiel mais doivent rester conscients des défis qu’elle ne manquera pas de leur imposer.

IA et RSE : (im)possible cohabitation ?

L’arrivée de l’intelligence artificielle peut impacter les politiques RSE déployées au sein de l’entreprise, sur ses deux volets principaux :

 

  • Volet environnemental : si elle ouvre des perspectives, notamment en matière d’économies d’énergie (optimisation des process industriels, surveillance des émissions de gaz à effet de serre, optimisation énergétique…) ou encore d’anticipation des catastrophes naturelles (analyse de données climatiques…), l’empreinte carbone de l’AIGen est en revanche plus problématique. En effet, l’apprentissage des algorithmes se montre particulièrement énergivore, tandis qu’elle augmente le besoin en matières premières, notamment en terres rares.
  • Volet social : la simplification des tâches permises par l’AIGen impacte de nombreux métiers au sein d’une entreprise. L’implémenter implique de mettre en place un projet de changement et d’explications, afin de lever les idées reçues et les freins. Il est capital, en parallèle, de fixer des objectifs allant au-delà de la seule optimisation de la performance, afin d’éviter de créer une crise de confiance chez les équipes.

 

 

 

 

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Daniel Gonçalves

Directeur chez Orange Consulting, je contribue à créer les nouvelles expériences digitales de nos clients, tout particulièrement dans le monde du retail.

Au-delà des outils et des technologies, l’humain est le point de départ et le point d’arrivée de toutes nos recommandations. C’est l’essence même de la philosophie « Human Inside » du Groupe Orange.