En parallèle des sources de financement et d’investissements « classiques » dans le secteur de l’e-santé et dans la sphère du Digital Health (voir à ce sujet l’article de Thomas Martinelli), on voit émerger de façon croissante depuis quelques années une forme alternative de financements, basés sur l’appel à contribution des particuliers via des plates-formes de gestion de dons : c’est le fameux principe du « crowdfunding ».
Le crowdfunding : une disruption dans le modèle de financement
En osant un parallèle, on pourrait dire que le crowdfunding est le pendant « financier » de ce qu’est le modèle Uber à la réalité terrain des projets, des solutions ou des services : en effet, il représente une disruption dans les modèles opérationnels et économiques, notamment parce qu’il contribue à faire émerger une économie collaborative et un modèle en « C to B » (en inverse du « B to C » classique), basé sur des offres et des services directement proposés par des particuliers à des particuliers, en profitant de la réactivité et de la disponibilité de ressources « locales » pour développer des business réactifs.
En terme de secteurs d’activité, ce type de financement, qui a démarré historiquement pour des projets dans le secteur culturel et musical (financement de production d’albums par des artistes indépendants ; œuvres d’arts, édition de livres…), est en train de s’étendre petit à petit à tous les secteurs d’activité et à tous les types de projets, du plus sérieux au plus loufoque (cf. le buzz récent sur le projet de crowdfunding mondial lancé pour rembourser la dette et financer le plan d’austérité de la Grèce !).
Naturellement, la santé n’est pas en reste, et il est intéressant de se demander quels impacts le crowdfunding peut avoir sur le financement et le développement des projets d’e-santé, ainsi que sur les modèles économiques concernés.
Le crowdfunding en santé : une réalité en 2015
Que ce soit sur des plateformes classiques ou dédiées de crowdfunding, les entreprises et start-ups du monde de la santé ont très vite su utiliser ce nouveau modèle de financement.
C’est le cas par exemple de Kolibree, qui propose la 1ère brosse à dents connectée qui promet de suivre l'efficacité des brossages quotidiens et de l'afficher sur smartphone. Elle a lancé un appel aux dons sur Kickstarter, la plate-forme américaine de crowdfunding, récoltant rapidement 70 000 dollars (51 000 euros). Mais c’est loin d’être la seule start-up à s’être financée par ce biais : Misfit pour son capteur d’activité physique Misfit Shine ou encore la start-up Kinsa pour la mise au point d’un thermomètre connecté n’ont pas hésité à recourir à ce système pour lancer leur activité et proposer leurs concepts sur le marché.
Des plateformes dédiées à la santé se multiplient par ailleurs, comme WellfundR pour financer des innovations en matière de santé ou MyPharmaCompany pour financer les programmes de recherche dans le domaine de la santé.
Ainsi avec +125% de croissance des investissements entre 2013 et 2014, les financements dans le secteur digital santé se portent bien, nous verrons dans mon prochain article pourquoi le crowdfunding y est si apprécié et quelles questions cela soulève.
Jean-Yves.
crédit photo : © grgroup
Manager au sein du secteur santé chez Orange Consulting, je me passionne pour la révolution de l' e-santé et des nouveaux usages permis par l’innovation technologique et digitale, que je côtoie au gré de nos missions de conseil pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème Santé.