Nous avons imaginé ensemble dans mon précédent post quel pourrait être le parcours patient entièrement digitalisé de demain. Voyons aujourd’hui quelle est la part de science-fiction et la part de réalité, en s’appuyant sur des exemples de solutions digitales déjà mises en place sur le terrain.
Les outils qui permettent au patient de mieux contrôler son parcours de soins
Les établissements sont de plus en plus nombreux à se doter aujourd’hui de portails web permettant de trouver tous les renseignements nécessaires. L’Institut Gustave Roussy a mis en ligne récemment son nouveau site web, élaboré en collaboration avec des patients et leurs proches. Il permet entre autre de se renseigner sur les parcours de prise en charge, les équipes médicales, les soins, l’établissement, les avancées de la recherche… Les propos sont illustrés par de nombreux supports média : témoignages de patients, vidéos pédagogiques d’experts, infographies…
Plusieurs hôpitaux sont également équipés de bracelets d’identification du patient, notamment via un système de code-barres ou d’identifiant. Certaines populations comme les nouveau-nés ou les personnes âgées peuvent aussi être équipées de bracelets connectés qui donnent l’alerte en cas de sortie de l’enceinte de l’hôpital par exemple. Pour en savoir plus, rendez-vous sur l’article du blog sur la traçabilité à l’hôpital.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, une trentaine d’entrepreneurs se sont associés au CHRU de Lille pour imaginer la « Concept room », la chambre connectée de demain où le patient doit se sentir à l’hôpital comme à la maison. Il peut par exemple contrôler son lit depuis son smartphone et choisir les divertissements projetés sur l’écran de sa chambre via la technologie Kinect de Microsoft. Le Grand Hôpital de Charleroi en Belgique s’est déjà équipé de 7 Concept rooms, et le CHRU de Lille a aussi réalisé des investissements importants à cet effet.
Pour le paiement, le projet Simphonie mené par la DGOS, étudie les possibilités de dématérialisation des factures à l’hôpital, avec des options de paiement du reste à charge en ligne par le patient mais aussi de prise d’empreinte bancaire à l’entrée de l’hôpital pour éviter les impayés.
Nous ne sommes vous le voyez pas bien loin du décor futuriste planté dans mon dernier article…
Le travail du personnel soignant facilité
Côté professionnels de santé, là encore la digitalisation est en marche.
Plusieurs projets de télémédecine ont vu la création de réseaux d’experts à l’échelle locale ou régionale. Par exemple, en Bretagne, le Centre régional d’expertise neuroradiologiques (CREBEN) a été mis en place pour associer les compétences radiologiques régionales en vue de traiter au mieux les situations urgentes, du type détection d’un AVC et non urgentes. Il met en réseau 14 établissements hospitaliers pour permettre un partage de l’expertise neuroradiologique et la gestion dynamique des permanences de soins sur l’ensemble de la région.
Au sein d’établissements, des parcours coordonnés de soins se mettent également en place autour du patient comme le programme Ariane au service cancérologie de l’hôpital Cochin, où le patient est évalué par les différents professionnels de santé avant une réunion de concertation pluridisciplinaire pour individualiser le traitement. C’est l’infirmière de coordination qui est l’interlocutrice unique du patient et fait le lien avec les professionnels de santé.
Cependant, ces projets restent encore cantonnés à une échelle locale ou régionale et à des établissements hospitaliers, sans s’ouvrir vers la ville ou d’autres structures.
Dans la « Concept room » évoquée plus haut, de nombreuses interfaces de communication ont été mises en place, afin que le personnel soignant puisse accéder directement au dossier du patient et ainsi le compléter.
Google Translate, l’outil de traduction gratuit de Google, permet de tenir une conversation avec une personne parlant une autre langue lorsqu’on voyage dans un pays par exemple. On pourrait très bien imaginer que l’application soit renforcée avec des termes médicaux afin de pouvoir être utilisée pour mener des échanges avec des patients étrangers.
Le digital prend donc peu à peu sa place au sein du parcours patient. Il reste cependant un long chemin à parcourir pour passer à un véritable parcours de soins digitalisé et sans silos entre les différentes étapes du parcours et les acteurs concernés.
Pauline.
crédit photo : ©Tyler Olson
Consultante dans le secteur de la e-santé depuis 3 ans, j'ai été amenée à travailler dans ce contexte sur des études marketing, du management de projet mais aussi des grands projets stratégiques de transformation, notamment pour de grands laboratoires pharmaceutiques dans un contexte international et complexe.