Les files d'attente pour obtenir un logement social ne cessent de s'allonger. A fin juin 2024, l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui fédère les organismes HLM, a recensé 2,7 millions de ménages demandeurs - à comparer à 2,6 millions fin 2023. Soit une hausse de 100.000 demandeurs en seulement six mois. Et de près d'un quart en cinq ans.
Sur ce total, 870.000 ménages sont déjà hébergés au sein du parc social - qui totalise environ 4,8 millions de logements. Mais ils souhaitent déménager, du fait de l'arrivée d'un nouvel enfant ou d'une mutation professionnelle, par exemple. Et 1,83 million ne sont pas logés en HLM.
Des difficultés dans toutes les régions
« Le phénomène est observé dans toutes les régions. La situation se dégrade, dans un contexte politique difficile à cerner à ce stade et dans un contexte économique inquiétant », s'alarme Emmanuelle Cosse, la présidente de l'USH. Elle indique avoir déjà écrit au nouveau Premier ministre, Michel Barnier, pour l'alerter sur la situation et l'inviter au Congrès HLM, qui se tiendra à Montpellier du 24 au 26 septembre.
Le marché locatif privé est proche du blocage, et l'accession à la propriété a été rendue plus difficile ces derniers mois, du fait du niveau élevé des taux d'intérêt d'emprunt immobilier et des prix des appartements comme des maisons. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'un certain nombre de ménages se reportent vers les HLM.
Mais voilà : les locataires en place quittent de moins en moins leur logement. Le taux de rotation au sein du parc social est passé de 10,3 % en 2011 à 7,3 % en 2023. En parallèle, la production de HLM est en berne, et la mise en service de nouveaux appartements diminue.
Des locataires qui restent en place
En 2023, un peu moins de 83.000 agréments (des autorisations administratives) ont été délivrés pour la construction de logements sociaux. Très loin du pic de 123.000 atteint en 2016. Sachant que l'USH estime qu'il faudrait construire 198.000 logements sociaux par an pour répondre aux besoins. Résultat : le nombre annuel d'attributions de HLM ne cesse de baisser. Il a atteint 390.000 en 2023, à comparer à 500.000 lors du plus haut de 2015.
S'agissant des agréments, 2024 devrait se situer dans la même tendance que 2023. « A moins de très mauvaises surprises dans le prochain projet de loi de finances. Dans ce cas, nous ne serions pas à l'abri d'un ralentissement brusque », estime Marianne Louis, la directrice générale de l'USH. L'organisation réclame au contraire des mesures visant à soutenir les bailleurs pour qu'ils puissent investir dans la production de logements sociaux.
Parmi les mesures demandées figure toujours l'abandon de la réduction des loyers de solidarité (RLS) imposée par le gouvernement aux bailleurs sociaux fin 2017 pour compenser la baisse des aides personnalisées au logement (APL). Ou encore une diminution de la TVA sur le logement social, ou une réduction du taux du Livret A - les bailleurs sociaux empruntant à des taux variables indexés sur ce dernier.
Par Elsa Dicharry – Les Echos - Publié le 11 sept. 2024 à 17:01Mis à jour le 11 sept. 2024 à 19:13